Le cercle de Dieppe associé à un travail de mémoire sur la Shoah avec le collège Camus de Dieppe
Pour Monsieur Benjamin GORGIBUS :
Projet pluriannuel sur la Shoah au collège Camus
Le projet global s’origine dans un projet de classe interdisciplinaire pluriannuel (une classe de 3ème) sur la transmission de la Mémoire de la Shoah qui vise à faire de nos élèves des citoyens de demain avertis et éclairés sur l’antisémitisme et sur les crimes contre l’Humanité. Il s’inscrit tant dans le parcours citoyen que culturel de l’élève.
I Retour sur le projet Transmission de la Mémoire de la Shoah 2022 - 2023 au collège Camus
Le projet 2023 - 2024 s’inscrit dans la continuité du projet Transmission de la Mémoire de la Shoah 2022 - 2023 au collège Camus. Il concernait la classe de 3ème 3.
Ce projet se dessinait autour de plusieurs temps forts, alternant des activités sur une déportée dieppoise (et donc une figure locale) et des activités autour d’une figure célèbre et tutélaire (Anne Frank).
En cours de français avec Nora Decharnia, dans une séquence intitulée « Écrire pour témoigner », ils ont lu et étudié notamment le Journal d’Anne Frank et ont rédigé des textes poétiques sur celle-ci. Les élèves ont été très sensibles au destin de cette jeune juive cachée dans l’Annexe d’Amsterdam, d’autant qu’elle avait leur âge quand elle a été déportée : 15 ans.
En cours d’histoire avec David Gasse, à partir de documents d’archives, ils ont rédigé une notice biographique sur la déportée dieppoise Tsvila HERSCOVICI. Ce travail sera publié dans le Dictionnaire des victimes du nazisme en Normandie (encore en cours de réalisation à l’heure qu’il est) et a été transmis au Mémorial de la Shoah de Paris.
Ces recherches historiques avaient mené par ailleurs lors de séances co-animées par les deux enseignants à rédiger un discours en vue des commémorations du 8 mai à Dieppe. Le discours déclamé était tant poétique qu’historique et cet hommage à Tsvila HERSCOVICI avait permis de redonner un visage et un nom à cette femme déportée à Auschwitz en 1942 en la faisant rayonner dans l’espace public. La classe entière était présente ainsi que les familles des élèves, ce fut un moment fédérateur et sensible, comme l’aboutissement de toute une année scolaire.
Un voyage à Amsterdam en mars 2023 avait notamment permis aux élèves de découvrir la Maison Anne Frank d’Amsterdam et de se recueillir devant le monument aux victimes de la Shoah d’Amsterdam. Là, ils avaient déclamé un texte sur Tsvila HERSCOVICI et avaient déposé des roses.
Enfin, la présentation par la classe de 3ème 3 d’une exposition sur Anne Frank (prêtée par la Maison Anne Frank d’Amsterdam) à toutes les classe du collège Camus ainsi qu’aux élèves de CM2 du réseau avait favorisé l’éducation par les pairs et faisait des élèves de cette classe des
« passeurs de mémoire ». Ce fut le premier jalon d’un travail sur la transmission de la Shoah à l’échelle de l’établissement dans son entier.
Autre élément qui va dans le sens d’un rayonnement du projet à l’échelle de l’établissement : dans le cadre du Conseil de la Vie Collégienne mené par le CPE Olivier Weil- Wolff, les élèves, issus de niveaux de classes différents (les délégués notamment) ont fait le choix de nommer la salle de réunion du collège « Salle Tsvila HERSCOVICI ». Avec le CPE, les élèves ont constitué un comité de réflexion et de pilotage sur la pose d’une plaque commémorative dans cette salle en mémoire de la déportée dieppoise Tsvila HERSCOVICI. Il s’agissait alors de cerner les enjeux d’un lieu de commémoration / lieu de mémoire et de faire définir aux élèves les caractéristiques d’une cérémonie d’inauguration (prévue pour le deuxième trimestre 2024).
II Le projet Transmission Mémoire de la Shoah 2023 - 2024
Classe impliquée : les 3ème 3. Il s’agit à nouveau d’un projet de classe interdisciplinaire voué à rayonner au niveau du collège entier et aussi à l’échelle de l’espace public dieppois.
En effet, les axes de travail sont centrés sur deux figures :
- la déportée dieppoise Dora KAHANA (fille de Tsvila HERSCOVICI) déportée à Auschwitz à l’âge de 20 ans
- Mme Ginette Kolinka, survivante de la Shoah
Le projet 2023 - 2024 s’inscrit donc dans la continuité de celui de 2022 - 2023 mais avec la plus-value que les anciens élèves de 3ème 3 impliqués dans le projet Shoah 2022 - 2023 sont invités et impliqués dans le projet de l’année en cours. Désormais lycéens, ils accompagneront tout au long de l’année les élèves de la classe de 3ème tantôt comme tuteurs tantôt comme « passeurs de mémoire » et notamment de la mémoire de Tsvila HERSCOVICI. Ainsi, en novembre dernier, un petit groupe de ces anciens élèves était présent au collège pour présenter aux nouveaux 3ème les projets mémoriels de l’année précédente et leur montrer ce que toute cette expérience leur avait apporté. Un premier jalon dans un parcours mémoriel qui ne faisait que commencer.
La poursuite du projet interdisciplinaire français (Nora Decharnia) - histoire (David Gasse)
Dans la continuité de l’année précédente, les élèves poursuivront des activités interdisciplinaires en français et en histoire. Ces activités seront des temps forts qui viendront ponctuer l’année :
- rédaction d’un article biographique sur Dora KAHANA (fille de Tsvila HERSCOVICI) qui sera publié dans le Dictionnaire des Victimes du Nazisme en Normandie et remis en mains propres au Mémorial de la Shoah lors du voyage scolaire à Drancy - Paris en mars prochain.
Dans les recherches sur Dora KAHANA, les sources sont riches notamment du fait que, l’été dernier, nous ayons trouvé et contacté le descendant de Tsvila HERSCOVICI. Nous communiquons régulièrement avec lui et son aide nous est précieuse pour les sources : photos, lettres... qui nous donnent à voir et entendre l’âme de ces ceux femmes au destin si tragique. Nous entrons dans ce qui a été leur vie, leurs mots, leur caractère. L’écriture de texte sur celles-ci en est d’autant plus émouvante.
- écriture de poèmes sur le thème de la Shoah
- lecture de l’autobiographie de Ginette Kolinka en classe dans le cadre d’une séquence de français sur le thème de l’autobiographie.
- lecture de lettres de / à Dora KAHANA à partir de sources d’archives privées (le descendant de Tsvila HERSCOVICI).
- rédaction d’un texte poétique et historique sur Dora KAHANA qui sera déclamé à Dieppe le 28 avril 2024 lors de la Journée Nationale des Victimes de la Déportation.
- participation au Concours National de la Résistance et de la Déportation 2024 sur le thème
« Résister à la Déportation en France et en Europe ». Réalisation d’une production collective.
La visibilité du travail sur Dora KAHANA résonnera dans l’espace dieppois au travers de deux temps forts :
- réalisation d’une création artistique associant le texte et la danse (par les élèves du collège inscrits à l’option danse) en hommage à Dora KAHANA. La chorégraphie / le texte poétique seront valorisés lors de la participation des élèves à la Journée Nationale du souvenir des victimes de la Déportation de Dieppe. Elle sera par ailleurs réalisée en amont et filmée devant le monument
commémoratif de Drancy de Shlomo Selinger. Cette production sera insérée dans le dossier de
rendu collectif de participation au CNRD 2024.
- poursuite du travail en collaboration étroite avec la mairie de Dieppe dans le cadre du projet de pose de deux pavés de mémoire en mémoire des déportées dieppoises Dora KAHANA et Tsvila HERSCOVICI, les tous premiers à l’échelle de la ville de Dieppe.
L’idée de mettre en place des pavés de mémoire à Dieppe est venue de Monsieur David Gasse, professeur d’histoire au collège. Il souhaitait en effet replacer ces victimes dans l’espace urbain auquel elles avaient été arrachées et rendre leur mémoire visible à tous. Le projet des « Stolpersteine » (pavés de mémoire) de l’artiste Gunter Demnig, un Allemand, s’inscrit dans un cadre international et se présente comme le plus grand Mémorial décentralisé d’Europe.
La pose est prévue pour dimanche 28 avril 2024, Journée Nationale des Victimes de la Déportation. A cette occasion, les élèves de la classe de 3ème 3 du collège Camus diront le texte poétique et historique sur Dora KAHANA accompagné d’une chorégraphie par les élèves de 4ème 3ème de l’option danse du collège. Nos collègues du conservatoire, Bérangère Bréhier (professeur de danse contemporaine) et Kristoff Zami (professeur de hip-hop) sont pleinement associés au projet Transmission de la mémoire de la Shoah et contribuent à sa portée interdisciplinaire en apportant une dimension artistique, sensible et corporelle.
Les anciens élèves de 3ème 3 et les familles seront impliqués. Les anciens 3ème ayant fait ls recherches sur Tsvila HERSCOVICI tandis que les nouveaux 3ème auront fait les recherches sur Dora KAHANA. Un parcours cohérent et qui donnera tout son sens au fait que les élèves du collège
Camus deviendront alors parrains de ces deux pavés de mémoire (entretien, polissage, organisation d’actions de mémoire).
La collaboration avec la mairie de Dieppe est très précieuse afin de mettre le pédagogique au coeur des actions mémorielles et commémoratives et afin de les placer dans l’espace urbain. Monsieur Nicolas Langlois, maire de Dieppe, ses adjoints et collaborateurs méritent d’être vivement remerciés pour leur soutien et ce partenariat porteur et fédérateur.
Un voyage mémoriel pour les élèves de la classe de 3ème 3 : voyage à Drancy et Paris
Ce voyage se déroulera en mars prochain et constituera un temps fort de l’année. Tout en travaillant sur la mobilité et des activités culturelles, les élèves feront un voyage de mémoire autour du programme suivant :
- une journée au Mémorial de la Shoah de Drancy : visite de l’exposition permanente et du site historique + recueillement devant le monument de Shlomo Selinger.
- une journée sur le thème de la laïcité : visite de la Grande Mosquée de Paris, de la Grande Synagogue et d’un lieu de culte catholique (relier les trois à pied).
- visite et atelier au Panthéon qui mettra l’accent sur les Femmes au Panthéon avec un focus sur le parcours de Simone Veil.
- Mémorial de la Shoah de Paris : murs des Déportés, des Justes et remise en mains propres par les élèves de la notice biographique sur Dora Kahana qui aura été rédigée en amont et qui sera insérée sur la page sur Dora KAHANA du site du Mémorial de la Shoah.
Rayonnement des actions de mémoire à l’échelle de l’établissement entier :
1) La création d’un lieu de mémoire au collège
Ce projet a été initié dans le cadre du travail de Monsieur Olivier Weil-Wolff, CPE du collège, avec les élèves délégués. Dans le cadre du Conseil de la Vie Collégienne de l’année précédente, ces élèves, issus de niveaux de classes différents (les délégués notamment) avaient fait le choix de nommer la salle de réunion du collège « Salle Tsvila HERSCOVICI ». Avec le CPE, ils constituent un comité de réflexion et de pilotage sur la pose d’une plaque commémorative dans cette salle en mémoire de la déportée dieppoise Tsvila HERSCOVICI. L’objectif est alors de cerner les enjeux d’un lieu de commémoration / lieu de mémoire et de faire définir aux élèves les caractéristiques d’une cérémonie d’inauguration (prévue pour le deuxième trimestre 2024).
Ce projet est voué à diffuser le travail mémorial au niveau du collège entier afin de mener une réflexion plus large et d’honorer la mémoire de Tsvila HERSCOVICI.
2) Le témoignage de Madame Ginette Kolinka
Je me souviens avoir évoqué pour la première fois avec David Gasse le jour des commémorations du 8 mai 2023 à Dieppe mon souhait de faire venir Mme Kolinka au collège. Notre classe réunie le temps d’un jour férié, les élèves de 3ème 3 avaient été acteurs d’une cérémonie de commémoration (ils avaient déclamé un discours sur la déportée dieppoise Tsvila HERSCOVICI). Il s’était agi alors d’un moment sensible et fédérateur.
La rencontre avec un témoin rescapé de la Shoah étant cependant de nature à avoir une une portée supplémentaire pour que nos élèves deviennent à leur tour des « passeurs de mémoire ».
Le premier contact avec Mme Kolinka a été pris en mai dernier. Je souhaitais que cela ait lieu au mois de janvier car cela concorde parfaitement avec le programme d’Histoire du collège. Et puisque son calendrier était déjà très chargé, c’est un samedi qui a été retenu.
L’organisation de la venue de Mme Kolinka au collège s’est faite par un travail de collaboration avec les collègues d’histoire du collège (David Gasse et Benoît Letellier) mais aussi par l’implication du CPE Olivier Weil-Wolff. En effet, recevoir un témoin de la Shoah, et notamment une personne presque centenaire, n’est pas une action pédagogique comme une autre. Cela a suscité beaucoup de réflexions sur comment accueillir un rescapé de la Shoah, comment être digne de son message tout en mettant en œuvre le contexte le plus favorable qui soit pour que ce message passe le mieux possible. Les élèves ont été sensibles au format de l’invitation qui leur a été remise pour pouvoir y participer ! Le travail du CPE a permis de penser les choses de façon systémique et l’organisation de la haie d’honneur pour Mme Kolinka a rendu les élèves acteurs du comité d’accueil.
Le projet a été présenté aux élèves au retour des vacances d’automne et nous avons proposé aux élèves de 3ème volontaires de participer au témoignage. Cependant, l’action de présentation de l’exposition Anne Frank l’année scolaire précédente à toutes les classes du collège ayant porté ses
fruits, l’intérêt d’élèves d’autres niveaux de classe s’était déjà fait sentir. Pour que cela fasse sens et que la rencontre avec Mme Kolinka soit préparée au mieux, les élèves de 5ème et 4ème ont été invités à prendre part au témoignage à condition de participer le soir après les cours à des ateliers de lecture commentée du livre d’Aurore d’Hondt Ginette Kolinka : Récit d’une rescapée d’Auschwitz- Birkenau. Quatre élèves de 6ème férus d’Histoire ont aussi été sélectionnés pour participer. Les séances de lecture sous forme de co-animation entre David Gasse - professeur d’histoire avec qui je mène le projet de classe Transmission de la mémoire de la Shoah en classe de 3ème 3 - et moi- même ont été très stimulantes tant pour les élèves que pour les enseignants. Les élèves impliqués ont été particulièrement assidus et nombreux (en tout, ce sont près de 40 élèves de 6ème, 5ème et 4ème qui ont participé aux ateliers de lecture). Lors de ces séances, nous lisions à tour de rôle le livre avec les élèves, le commentions tout en faisant un lien avec un contexte historique plus large. Les jeunes faisaient aussi des liens avec des films sur la thématique de la Shoah qu’ils avaient vus de leur propre initiative et certains élèves ont émis le souhait que je leur prête d’autres livres sur ce thème.
Notre collègue d’histoire, Benoît Letellier, a sensibilisé aussi les élèves de 4ème et 3ème à la venue de la déportée : il a fait le choix de son côté de partir de faits d’actualité en lien avec des actes antisémites pour faire réfléchir les jeunes à cette sombre période de notre Histoire.
La classe de 3ème 3 avec qui nous menons avec David le projet Transmission de la Mémoire de la Shoah a aussi lu ce livre dans le cadre d’une séquence de français sur l’autobiographie. En histoire, ils ont commencé sur la même période à travailler à partir de documents d’archives afin de retracer la vie de la déportée dieppoise Dora Kahara, déportée à Auschwitz à l’âge de 20 ans. L’objectif étant de créer un lien entre la vie de Mme Kolinka - figure tutélaire en quelque sorte - et une figure de la déportation locale dont l’âge est proche de celui des élèves. Les élèves rédigeront une fiche biographique sur cette déportée dieppoise qui sera publiée dans le Dictionnaire des victimes du nazisme en Normandie.
Par ailleurs, afin de créer de l’interdisciplinarité, le professeur d’Éducation Musicale Laurent Azyme a travaillé avec les élèves sur la chanson « Je rêvais d’un autre monde » du groupe Téléphone (le batteur de ce groupe étant Richard Kolinka, fils de Ginette Kolinka, et cette chanson du groupe étant sa préférée). Ils chanteront samedi cette chanson devant Mme Kolinka à l’issue de la haie d’honneur qui l’accueillera. Car nous souhaitions que ce témoignage sur une période sombre de notre histoire soit un moment fédérateur pour les élèves et pour les personnels.
Les séances d’ateliers lecture ont aussi été un moment clé dans la préparation et l’organisation de la venue de Mme Kolinka : nous avons à cette occasion rédigé les questions qu’ils souhaitaient lui poser. Nous avons aussi réfléchi à l’organisation de sa venue : les élèves ont été
acteurs dans la réflexion sur l’accueil de Mme Kolinka (déroulé, choix de cadeaux, préparation de la haie d’honneur...)
Les objectifs pédagogiques de cette rencontre avec une rescapée de la Shoah : 1) Renforcer le goût pour l’Histoire
Nous avons constaté que cette action pédagogique avait contribué à développer le goût de nos élèves pour l’Histoire. La perspective de la venue d’un témoin a été extrêmement stimulante et a éveillé leur curiosité.
2) Et montrer aux élèves l’impact que l’Histoire peut avoir sur les individus et les trajectoires individuelles
3) L’alliance éducative
Par ailleurs, il a été intéressant de constater que le lien avec les familles était à cette occasion renforcé : beaucoup de familles ont forgé le souhait de pouvoir elles aussi assister au témoignage, certaines ayant même lu le livre étudié par leur enfant en classe. Dans beaucoup de cas, cela a été l’occasion de renforcer le dialogue entre l’école et la maison, les parents évoquant à leur tour l’expérience de la connaissance de la Shoah qui avait été la leur quand ils étaient élèves. Le travail sur l’alliance éducative est précieux par le biais de ce type de projet pédagogique.
4) Faire de nos élèves des passeurs de mémoire
Par leur identification avec la figure du témoin, nos élèves se sentent dépositaires d’un message qu’ils devront à leur tour partager. La figure de passeur de mémoire est renforcée par le lien avec les anciens élèves de la classe de 3ème impliquée dans le projet Transmission de la Mémoire de la Shoah qui seront présents lors du témoignage et reviennent régulièrement dans la classe de cette année afin de partager leur expérience et intervenir comme tuteurs auprès des nouveaux troisièmes. Nous pressentons que cette rencontre aura un impact durable sur nos élèves et qu’ils se souviendront toute leur vie de ce moment, la dimension émotionnelle de l’instant facilitant me semble-t-il une mémoire plus longue. Nos élèves, ayant été destinataires de ce message, s’engagent d’une certaine façon à le répandre autour d’eux.
5) Le témoignage de Mme Kolinka au collège sera un jalon dans le cadre des actions mémorielles 2023 - 2024
cf. les projets 2024 dont
- l’inauguration de la salle future salle Tsvila Herscovici organisée par le CPE, Olivier Weil-Wolff et initiée par les élèves lors des séances de Conseils de la Vie Collégienne
- la participation des élèves à la cérémonie de pose des pavés de mémoire en l’honneur de Dora Kahana et Tsvila Herscovici, déportées dieppoises.
- la rédaction de textes poétiques et historiques en lien avec Dora Kahana en interdisciplinarité avec les élèves de l’option danse contemporaine du collège (avec Mme Bérangère Bréhier, professeur de danse contemporaine au conservatoire de Dieppe).
6) Faire comprendre aux élèves les spécificités de la Shoah en termes de discrimination raciale.
Ont été mis en avant notamment les processus de déshumanisation et la mise en place d’un crime organisé à très grande échelle.
3) Spectacle sur la Shoah
Ce spectacle aura lieu mi-avril prochain et sera joué au Drakkar devant des élèves du collège, des élèves d’autres collèges dieppois, élèves de CM2 des écoles attenantes mais aussi devant les familles dans le cadre de l’alliance éducative.
Les élèves impliqués sont les élèves de 3ème de la classe du projet et les passeurs de mémoire du groupe multiniveaux (élèves de 5ème, 4ème).
Le spectacle associera le texte et la danse et permettra aux élèves de réfléchir à transmettre un message mémorielle dans le cadre du Parcours d’Education Artistique et Culturel. Se déroulant dans une vraie salle de spectacle et proche du collège, les élèves auront la chance de vivre une aventure émotionnelle, artistique et mémorielle très forte.
III Les particularités du projet pluriannuel Transmission de la Mémoire de la Shoah au collège Camus.
1. Le projet est ancré à l’échelle locale. En effet, les élèves d’une classe de 3ème, à partir de documents d’archives, font des recherches une déportée juive dieppoise. Dans ce contexte, le collège Camus travaille en étroite collaboration avec la ville de Dieppe notamment dans le cadre de la préparation des commémorations (8 mai, Journée Nationale des Victimes de la Déportation). La mairie soutient le projet et l’accompagne tout au long de l’année scolaire. Monsieur Nicolas Langlois maire de Dieppe, ses adjoints et ses collaborateurs méritent d’être remerciés.
2. Le projet s’incarne dans des restitutions concrètes et permet à l’élève de mener un travail d’histoire et de mémoire. Cela aboutit à des productions riches et variées qui ponctuent l’année et constituent des temps forts (exemples : écriture de poèmes, création de chorégraphies, rédaction d’un article biographique, présentation d’une exposition). Le travail interdisciplinaire donne une valeur ajoutée aux productions (français, histoire, danse contemporaine et hip-hop).
3. L’alliance éducative est un élément moteur du projet : les familles sont impliquées et participent aux actions de mémoire (exemples : invitation des familles lors de la présentation de l’exposition Anne Frank, présence de celles-ci lors des commémorations avec la ville de Dieppe).
4. Le projet a comme point de départ un projet de classe mais rayonne ensuite à l’échelle de l’établissement dans son entier (exemple : venue de Mme Kolinka ouverte à tous les élèves du collège, présentation de l’exposition à toutes les classes du collège, mise en place d’une plaque commémorative en salle de réunion). L’expression « passeurs de mémoire » prend alors tout son sens.
5. C’est un projet fédérateur tant pour les élèves que pour les enseignants. Chacun apporte sa pierre à l’édifice en valorisant ses compétences. Le projet contribue à donner de la confiance aux élèves, leur permet de s’affirmer et d’être plus à l’aise dans les prises de paroles à l’oral devant un public.
6. Le rôle du chef d’établissement (Monsieur Erik DENEU) est essentiel. Il soutient le projet et est non seulement présent lors des événements mais s’implique réellement (il avait participé notamment au discours des commémorations du 8 mai).
Rédacteur : Mme Decharnia, professeur de français au collège Camus.
Contact par téléphone ou mail si besoin de précisions :
06 33 02 04 16
nora.decharnia@ac-normandie.fr