Claude avait à peine 2 mois, lorsque son père, employé de la SNCF et membre de la Défense Passive, fut ensevelis sous les gravats de l’école Catherine Graindor à Rouen lors d’un sauvetage ; c’était suite aux bombardements pendant la semaine qui précédait le débarquement en Normandie ; Il laissa une veuve et 3 orphelins.
A 11 ans, il connut les Rhumatismes Articulaires Aigus et on lui découvrira deux souffles au cœur ; cela lui valut 5 mois d’hospitalisation à Bois-Guillaume et 2 mois en maison de repos à Lyon ; une année scolaire totalement sacrifiée.
Le docteur Fleury, professeur de médecine à Bois-Guillaume recommanda à sa mère de lui faire apprendre un métier de bureau car il ne pourra jamais exercer un métier manuel.
Son certificat d’études primaires passé, à 14 ans il intègre les « Cours Pigier » impasse St Herbland à Rouen et pendant 4 ans il apprendra la Comptabilité générale.
En fin d’année scolaire, l’école recevant des offres d’emplois, le directeur le proposa à Maître AUBERT rue Rollon à Rouen ; emploi qu’il refusa, prétextant que le salaire d’embauche ne lui convenant pas ; pensez donc, 243 francs par mois alors que les cours en coûtaient à l’époque 350 francs ! Heureusement qu’en tant que pupille de la Nation, l’administration participait aux frais.
Au moment d’effectuer son service national, le conseil de révision lui fit passer un séjour à l’hôpital de Rouen dans le secteur militaire et, à son grand désespoir, au bout de 27 jours, il fut déclaré inapte et réformé définitivement. Faut dire aussi que c’était la fin de la guerre d’Algérie et que toutes les casernes refaisaient le plein de soldats.
En 1963, il entre chez « Les Blanchisseries de Pantin », rue de Lyons la Forêt à Rouen ; société mère du Groupement d’Intérêt Economique ELIS (Europe Linge Service) créée en 1967, il y restera salarié jusqu’à sa retraite en 2004.
La location de biens d’équipement un métier spécifique qui s’apprend sur le terrain, et Claude commença par le service prestations aux clients.
Le directeur de l’usine, Monsieur Robert RUFFEL, découvrit en lui un certain potentiel et en 1966, l’occasion se présenta lorsque le P.D-G Jean LEDUCQ décida de créer un centre de service à Lille ; il en chargea le directeur de Rouen et c’est à Claude que la mission fut confiée. Elle consista pendant un an à transmettre, à l’équipe recrutée sur place, le métier de « Loueur d’articles textiles » avec toutes ses règles sociales et commerciales.
De retour en 1967à l’usine de Rouen, il s’est vu confier la responsabilité de la Distribution commerciale. Janvier 78, on lui adjoint la gestion du service commercial ; il est promu Directeur des ventes. En 1983, il est nommé Directeur de l’usine de Bry sur Marne (129 salariés) jusqu’en 1986. En 1987, on lui confie la direction du Centre de Marcq en Barɶul, près de Lille (180 salariés).
En 1992, c’est avec fierté qu’il reçut, pour son usine de Marcq en Barɶul, le prix Albert THOMAS, du nom du premier directeur du Bureau International du Travail.
Il est décerné par la CNAMTS et le Ministre du travail Madame Martine Aubry; il récompense les entreprises menant des politiques dynamiques de prévention des risques professionnels.
De 1989 à 2004 : il figure sur les bulletins de paye du siège du GIE à Puteaux (Les Hauts de Seine) et ses missions successives ont été de superviser la construction d’une nouvelle usine à Marcq en Barɶul, puis piloter celle de Nice récemment englobée par le Groupe ; il termina sa carrière aux Blanchisseries de Pantin (Seine-St Denis), 250 salariés de 27 Ethnies différentes.
Ce grand groupe de prestations de service réclame une gestion du personnel sans faille ; plus de 10.000 salariés en Europe, d’où l’importance d’être à l’écoute du personnel ; les relations humaines prennent une place prépondérante dans l’activité de ses directeurs.
Claude disait toujours : « je suis constamment en formation continue ».
Le fait de rencontrer des ingénieurs, très pointus dans leur spécialité, faisait qu’à chaque étude de dossier en leur compagnie, il en ressortait grandi.
Cette carrière, il la doit à Monsieur Robert RUFFEL qui l’a recruté en 1963 à Rouen ; il a toujours été pour lui un exemple ! De lui, il disait « mon père spirituel ». Que ce soit dans le social, le commercial ou la gestion administrative, Robert RUFFEL, c’était la compétence, l’honnêteté intellectuelle et la rigueur dans le travail !
La retraite, il lui fallait une occupation. En 2004, il créa avec Daniel Anne et Serge Braban, l’association des Pupilles de la Nation de la Seine-Maritime ;
Il en prendra la fonction de secrétaire-général.
Son but : faire connaître aux Pupilles de la Nation et aux Orphelins de guerre comme lui, leurs droits octroyés par la loi de 1917. Même lui ne savait pas qu’ils ont une priorité à l’emploi dans les Administrations et Collectivités locales ; il l’a découvert à l’âge de 60 ans, c’est-à-dire à la retraite.
Il faut se rappeler que bien des Orphelins ont été placés dans des fermes dès leur petite enfance, d’où un manque de repères et d’instruction ; ils ont galérer toute leur vie ne connaissant pas les opportunités qu’offrait la loi de 1917 !
A la création de l’association, ils étaient 11 membres, 5 ans après, ils en comptaient 274. A la démission du dirigeant en 2010, l’assemblée générale lui confia la présidence, fonction qu’il exerce encore aujourd’hui.
Un article sur la Défense passive paru dans Paris-Normandie attire mon attention.
Claude écrivit au président Jean CLAVERANNE afin de le rencontrer pour lui parler de son père.
Aussitôt, des relations privilégiées s’installèrent entre eux. Le docteur Jean CLAVERANNE se souvenait bien de son père, il était présent je jour de son décès.
Il fut invité à adhérer à leur association et on lui confia la fonction de « secrétaire-général ».
Depuis le décès du président en janvier 2013, il en assure la fonction avec beaucoup de fierté, bien que les réunions soient toujours empreintes d’émotion.
Sa santé, après un infarctus aigu du myocarde, il subira 4 pontages coronariens.
Le chirurgien lui ordonna de pratiquer une activité physique : vélo, marche et natation. Sports qu’on lui avait interdits quand il était jeune.
Sur les conseils de son fils, c’est vers la pratique du golf qu’il se dirigea et c’est à Saint Saëns qu’il tapa des balles pendant 15 ans. Aujourd’hui, il pratique son sport occasionnellement sur des parcours différents. Pour les connaisseurs, il est classé 21.9 en index de handicap.
Quoi qu’en pense certain, le golf est bien un sport et son cardiologue a pu constater l’évolution de sa santé lors de ses électrocardiogrammes.